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Archives
Corbières Occidentales :
Vignevieille /trou des Paichaires
Septembre et début
Octobre 2010 : Trou des Paichaires : Laurent, Henri, Gaëtan,
Nicolas
Quatre petites sorties éclair effectuées en binôme
avec les moyens du bord pour cause de restrictions de consommables. Nous
avons tout de même pu avancer de quelques mètres en se décalant
toujours dans le même axe matérialisé par une faille
dont le miroir est parfois visible en voûte. Après le franchissement
d'un col, nous sommes à nouveau tombés dans un vide redescendant.
Un ressaut de 2,5m pour le moment inaccesible pour cause de strates de
silex impercable nous nargue en dessous, avec vue sur un méandre
qui a l'air pénétrable à la base. Tout le courant
d'air de l'entrée de la cavité se concentre à cet
endroit, avec des inversions en symétrie.
Le problème réside à présent dans le stockage
des remblais qu'il faut acheminer à la base du P8. Trois ou même
quatre personnes seront nécessaires lors des prochaines sorties.
La météo ayant décidé de nous jouer des tours
en nous interdisant notre explo de pointe dans le réseau cette
année, nous avons là un chantier d'hiver tout trouvé
pour rejoindre la première par le plateau...
Mercredi 25
Août : Trou des Paichaires (Laurent et Guy)
Après deux WE consécutifs consacrés à des
visites en classique et des initiations, les choses sérieuses et
ingates reprennent. Dans la matinée, en solo, Laurent entreprend
un élargissement conséquent de la lucarne encombrée
de blocs en haut de la petite cheminée découverte la fois
précedente. Retour à 14h accompagné de Guy après
la purge; et le résultat est impressionnant. Environ 2 mètres
cube de parpaings se sont vidangés, dégageant une voûte
saine en marbre. A gauche, nous reprenons espoir à la vue d'un
départ de méandre redescendant et soufflant. Il faudra agrandir
le départ mais nous voyons sur plusieurs mètres en s'élargissant.
Malheureusement, au retour, les choses se compliquent : la vidange matinale
a déstabilisé d'énormes lames au milieu de la cheminée
et nous sommes emprisonnées par deux fois. Heureusement, en bas,
la place est suffisante et nous parvenons à les débloquer
et les faire tomber ailleurs que sur nous sans boucher notre sortie.
Au final, le bilan est positif car nous avons enfin une direction à
suivre...
Mardi 9 Août
: Trou des Paichaires (Laurent)
sortie en solo pour ouvrir la lucarne découverte la semaine précédente.
Après deux heures de travail, je parviens à franchir l'obstacle
et aboutis dans un petit vide de 2m x 1,5m x1,5m. Une autre lucarne trop
étroite à 1m du sol est la seule suite.
Celle-ci concentre tout le courant d'air de cette partie de la cavité
et semble se diriger de nouveau vers le méandre de voûte
que nous suivons en yoyo depuis l'entrée.
Malheureusement, une succession de blocs posés derrière
empêche toute visibilité pour l'instant...
Jeudi 29 Juillet : Trou
des Paichaires ; Laurent, Henri, Guy, Olivier
Désob à la base du P8 découvert lors du camp. Nous
passons assez rapidement dans une petite salle derrière un laminoir
étroit.
La suite est un méandre ventilé à agrandir. Au plafond,
une lucarne laisse deviner un vide pénétrable. Un autre
vide est aussi visible à la base du puits à gauche par un
petit trou derrière une diaclase.
Une fois de plus, le trou est fidèle à sa réputation
de gruyère casse tête. Une grosse motivation sera nécessaire
pour trouver le bon chemin dans cette zone...
Vendredi 20
11 2009 : Vignevieille, un an après
participants :
Laurent, Jean Marie
Une arrière
saison relativement sèche nous incitait depuis quelques temps à
retenter une pointe vers le siphon (ex-terminal) du réseau. C'est
chose faite.
Nous entrons peu après 9h dans la cavité et découvrons
le premier siphon très bas mais pas à sec comme l'an dernier.
Malgré tout, le niveau est dans le "top 3" des plus bas
depuis 20 ans de relevés et cela semble indiquer une vraie tendance
climatique.
Il nous faut 5h de progression pour atteindre notre objectif et renouer
avec la sensation "d'engagement" dont nous sommes coutumiers
dans plusieurs réseaux du département, un bon test de maîtrise
du mental. En chemin, nous avons pu observer que cette année, de
nombreux tronçons de galeries se sont noyés (fine pellicule
d'argile sur certaines cordes) sans pour autant qu'il y ait eu déclenchement
de la crue.
Une fois sur place, nous enfilons nos combis néoprènes et
franchissons la première voûte mouillante sans problème.
Malheureusement, les probabilités sont respectées et le
"vrai" siphon est encore amorçé, un bon mètre
trop haut pour déclencher le courant d'air.
Nous mettons en place le "plan B". Le but est de provoquer une
surpression dans les fissures de vidange afin d'accélérer
celle ci durant les futurs étiages. Une charge est conditionnée
et lestée par un bloc puis placée le plus près possible
du point bas du siphon. Nous tirons trente mètres de ligne et déclenchons
la mise à feu. Le bruit est sourd et lointain, bien inférieur
aux prévisions de JM.
Il faudra cependant attendre les futures visites en basses eaux pour apprécier
s'il y a eu un résultat positif ou non.... qui ne tente rien n'a
rien et nous savons que de nouvelles premières nous attendent pas
très loin derrière.
Après la pause café chauffé à la bougie et
le rhabillage, nous reconditionnons les kits et entamons le retour. Nous
regrettons seulement de ne pas avoir eu la place d'emporter le boîtier
photo pour immortaliser ces moments.
Notre dernière préoccupation est maintenant de gérer
l'effort de sortie. Peu après le "grand bleu", JM est
victime d'une petite hypoglycémie compensatoire, d'après
ses propres termes. Tout rentre dans l'ordre après le franchissement
du méandre et nous débouchons dans la falaise peu après
22h, après 13h de raid, avec le sentiment du devoir accompli.
Prochain épisode en 2010.
Jeudi 25 juin
2009. Désobstruction au trou des Paichaires (Laurent, Jean
Marie, Guy)
Cette cavité,
accès potentiel au réseau de Vignevieille, connaît
un regain d'intérêt depuis la découverte par Laurent
d'un trou souffleur en bas du ressaut d'entrée et surtout depuis
la découverte dans Vignevieille avec un bel arrêt sur rien
du "réseau du bout du monde" en Novembre 2008 dont les
galeries circulent une centaine de mètres sous l'aplomb des Paichaires.
Nous travaillons à un bon rythme sur ce nouveau chantier dans la
cavité qui est un véritable gruyère et un vrai casse
tête dans la recherche de la suite. En fin d'après midi,
un départ de méandre apparaît; 1m30 de haut et 15cm
de large soufflant un bon courant d'air frais. Un élargissement
est visible un peu plus loin, suite au prochain numéro...
motard-spéléo
???
Lundi 27 Octobre
: Réseau de Vignevieille (Laurent, Gaëtan)
Un rayon de soleil
en ces temps difficiles...
Grâce à
un faisceau convergeant de facteurs favorables, nous nous retrouvons Gaëtan
et moi en vétérants du massif une fois encore devant l'entrée
du réseau dans lequel nous avons déjà tant partagé
d'émotions. Nous sommes Lundi matin, il est 6H30. Nous avons décidé
d'une sortie extra-light en matos et à l'instinct quant au but,
il reste beaucoup à faire un peu partout. Nous testerons du même
coup nos capacités physiques après une période de
carence spéléologique.
La sécheresse
qui sévit sur les Corbières depuis trois ans devrait nous
être favorables, et nous ne tardons pas à être surpris
dès le début de la descente lorsque nous surplombons le
siphon de -30 non pas désamorçé mais totalement à
sec... du jamais vu depuis la découverte du trou. Sans même
le formaliser nous savons dès lors que nous allons filer tout droit
vers la zone terminale du réseau qui n'a pas reçu de visites
depuis 2004. Il existe là-bas au loin un siphon qui nous arrête
depuis 17 ans dans le cours principal et l'énergie nécessaire
pour aller le revoir devient subitement disponible, comme une évidence...
Une heure et demie
plus tard nous franchissons le "Grand Bleu", point marquant
le terme de nos souffrances dans le sens aller. Nous enchaînons
à présent rapidement les galeries. Les premiers siphons
de sable sont encore pleins de traces de pas laissées en 2006 lors
de la dernière explo dans cette zone, preuve qu'il n'y a pas eu
ici de crue depuis au moins deux ans. Nous poursuivons notre route, balisée
par nos points-clés habituels, toutes les vasques et les gours
sont quant à eux à leur niveau normal. Soudain, alors que
nous approchons du fond, c'est la surprise : nous découvrons la
corde du dernier puits remontant sous forme d'un énorme sac de
noeuds inextricable à plusieurs mètres du sol. Elle a visiblement
tourné sur elle-même à grande vitesse lors d'une crue
torrentielle qui a du avoir lieu en 2004 ou en 2005. Le spectacle devait
être dantesque mais mieux valait sans doute ne pas pouvoir l'admirer
de trop près sous peine de finir nous aussi sous une forme inextricable...
Une bonne opposition résoud le problème et nous repartons.
Nous sommes à présent devant le carrefour de l'affluent
de la Parcade, arrivée habituelle du courant d'air. La suite du
cours principal semble elle aussi bien ventilée et cela nous rend
optimistes. Arrivés au terminus, nous constatons en effet que le
plan d'eau n'est plus siphonnant et qu'un bon courant d'air parcourt le
secteur. Gonflés à bloc, nous nous mettons à l'eau
jusqu'au nombril et remontons au bout de 10m dans une conduite forçée
éxondée et quasi-horizontale; puis très rapidement
nous butons sur un second plan d'eau, continuïté du premier
semble-t-il en temps normal. A première vue, cela siphonne au bout
de quelques mètres mais la ventilation est toujours là.
Nous devons en avoir le coeur net; cette fois-ci, pas de pitié,
baignade intégrale obligatoire...
Si loin dans le
réseau, nous savons qu'à partir de maintenant nous devrons
nous activer en permanence sous peine d'hypothermie. L'engagement monte
d'un cran, la tension nerveuse aussi. Je m'enfonce et je m'aperçois
que ça siphonne bel et bien après 5m. La déception
commence à s'installer lorsque soudain une sensation bien connue
me fait frissonner l'oreille droite. En effet, à hauteur de tête
en paroi, un trou de la taille d'un gros pamplemousse crache un flux d'air
concentré et régulier. A travers l'orifice un gros écho
nous revient, plein de promesses. A la verticale du trou et sous l'eau,
mes jambes devinent un passage. Nous n'avons pas de marteau, légèreté
oblige, mais deux minutes plus tard nous nous retrouvons chacun avec un
gros galet à la main, tels des homo erectus, à frapper à
tour de rôle sur l'obstacle. Bientôt une fissure apparaît
et nous redoublons d'effort. Un morceau de roche cède, laissant
un passage possible au ras de l'eau pour une tête sans casque. Après
une courte hésitation je me lance... L'eau me rentre par le col
de la combi mais je peux rapidement me relever et j'ai pied. Le plan d'eau
se termine quelques mètres plus loin et j'aboutis dans une belle
conduite forçée de 3m de diamètre. Mes cris de joie
boostent Gaëtan qui me rejoint. Ca file...
Nous tracons à
présent dans la première, trempés mais euphoriques
de découvrir ces nouveaux paysages souvent fantasmés. La
galerie change plusieurs fois de morphologie et de direction mais nous
avons le sentiment global de poursuivre vers le sud. Nous traversons une
très jolie partie horizontale en roche nue entre marbre veiné
et calcaire bleu à chailles où de nombreuses vasques d'eau
agrémentent la progression, puis nous retrouvons un profil typique
du réseau en montagnes russes. Nous faisons une courte pause pour
apprécier l'instant à sa juste valeur mais bientôt
la prise de conscience nous tombe dessus en même temps que le froid
qui nous pénètre les os : nous sommes au bout du monde...
Nous décidons donc de baptiser ainsi cette nouvelle portion du
réseau. La raison nous a rattrapés à l'idée
des kilomètres à parcourir en sens inverse et nous décidons
de rebrousser chemin. Nous avons fait plus de 300m de galeries supplémentaires
depuis le siphon, nous sommes arrêtés sur rien avec du courant
d'air, mission accomplie pour aujourd'hui...
Nous refranchissons
donc la voûte mouillante et prenons une brève collation (la
seule depuis ce matin) avant d'entamer le retour. Stimulés par
le froid, nous allons exploser le record de vitesse de sortie puisqu'au
bout de seulement quatre heures nous débouchons au milieu de la
désormais familière falaise de Vignevieille, fatigués
mais heureux de ce spectaculaire rebondissement dans l'exploration du
massif. Certes la prochaine opportunité risque de ne pas se représenter
de sitôt mais il est à éspérer que cette découverte
redynamise les travaux en surface car le potentiel de ce massif est là
et bien là. Nous avons franchi la limite de commune de Vignevieille
et progressons à présent sous celle de Salza; nous approchons
en outre du croisement de vallées sèches menant à
l'ouest vers les émergences de Saint Pierre et le trou du Coinq
et au sud vers la Caune de Salza. De quoi faire encore quelques doux rêves
de première.... et se donner pas mal de courage pour les réaliser.
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